My interest in the wonderful music of Claude Debussy began in the 1980s when I researched and published a book with Cambridge University Press entitled Debussy and the Theatre. During the course of my studies in Paris, I was amazed to discover that Debussy planned over 50 theatrical works but only finished two of these entirely by himself (the opera Pelléas et Mélisande in 1893–1902 and the ballet Jeux for Diaghilev’s Ballets Russes in 1912–13). Of the rest, many were never started musically (like Siddharta and Orphée-roi with the Oriental scholar Victor Segalen, 1907); some had a few tantalising sketches (like the Edgar Allan Poe opera Le Diable dans le beffroi, 1902–03); some were half-finished (like his other Poe opera La Chute de la Maison Usher, 1908–17); while others were musically complete but had their orchestrations completed by other composers (like Khamma, by Charles Koechlin, 1912–13; or Le Martyre de Saint Sébastien and La Boîte à joujoux by his ‘angel of corrections’ [‘l’ange des Corrections’] André Caplet in 1911 and 1919 respectively).
For it has to be admitted that what some scholars call Debussy’s ‘compulsive achievement’ could equally well be viewed as laziness, especially as far as the minute detail required for calligraphing his orchestral scores was concerned. It was as if creating the music itself was of greater importance than controlling its final sound, even if Debussy was an imaginative orchestrator when he found the time and energy to do it. It also seems true that Debussy also preferred inventing ideas to turning them into complete pieces. However, despite the lack of detail in many of his sketches (missing clefs, key signatures, dynamics, phrasing, etc.) the notes themselves are surprisingly accurate, whether or not they can be compared with a later draft. Thus, a large number of sketches exist for his Chinese ballet No-ja-li ou Le Palais du silence and it is not too difficult to see which parts of Georges de Feure’s 1913 scenario (see below) inspired which ideas. But Debussy hardly made any attempt to join them together after the first few bars.
It was usually up to his publisher, Jacques Durand, to find solutions when Debussy risked a breach of contract. Debussy was supposed to supervise the orchestrations completed by others, but this supervision was usually very light and restricted to quiet, sensitive moments in which problems were easier to spot. Far from jealously guarding every one of his created notes, as Ravel did, Debussy once even went as far as to ask Koechlin to ‘write a ballet for him that he would sign’ on 26 March 1914 when he was hard-pressed to fulfil his lucrative contract for No-ja-li with André Charlot at the Alhambra Theatre in London. In the end, Debussy (through Durand) sent Charlot the symphonic suite Printemps instead, whose orchestration had been completed by Henri Busser in the Spring of 1912.
So, when I was offered early retirement as Professor of Music at Liverpool University in 2004, I seized the opportunity it would give me to spend time trying to reconstruct some of Debussy’s lost potential masterpieces from his existing sketches and drafts—then orchestrating them in Debussy’s style when this was appropriate. I had begun this mission in 2001 with the most promising project, the missing parts of Scene 2 of La Chute de la Maison Usher and the sheer joy it gave me at every stage persuaded me to tackle other projects, especially when Debussy experts were unable to identify exactly where I took over from Debussy (and vice versa) in Usher.
With No-ja-li (Le Palais du Silence) of January 1914 it helps to follow the sequence of events in Georges de Feure’s scenario, as Debussy did in his sketches, and to know that Prince Hong-Lo is mute and seeks to impose his own inner ‘Silence’ on pain of death throughout his palace on the ancient island of Formosa (now Taiwan). In the end, the salvation for his beloved young wife, the Princess No-ja-li, and the court comes through the power of music (in this case from a Malaysian gamelan orchestra and its associated dancers). After the opening gamelan prelude comes the explanation of the unhappy situation at Hong- Lo’s palace by the Narrator
.Robert Orledge.
.November 2020.
J’ai commencé à m’intéresser à la merveilleuse musique de Claude Debussy dans les années 1980, époque à laquelle j’ai fait des recherches sur le compositeur puis publié un livre intitulé Debussy and the Theatre aux éditions Cambridge University Press. Au cours de mes recherches à Paris, j’ai découvert avec stupéfaction que Debussy avait projeté plus de cinquante œuvres théâtrales mais n’en avait achevé que deux : l’opéra Pelléas et Mélisande (1893–1902) et le ballet Jeux (1912–1913), pour les Ballets Russes de Diaghilev. Parmi ses autres projets, nombreux sont ceux pour lesquels il ne commença jamais la partition (par exemple Siddartha et Orphée-Roi, sur des textes de l’orientaliste Victor Segalen, 1907) ; pour certains, il existe quelques esquisses alléchantes (notamment pour l’opéra Le Diable dans le beffroi, d’après Edgar Poe ; 1902–1903) ; d’autres ne sont qu’à moitié achévées (par exemple l’autre opéra inspiré d’Edgar Poe, La Chute de la Maison Usher ; 1908–1917) ; d’autres encore ont été menés au bout mais orchestrés par d’autres compositeurs – c’est le cas de Khamma, orchestré par Charles Koechlin (1912–1913), ou du Martyre de saint Sébastien et de La Boîte à joujoux, finalisés en 1911 et 1919, respectivement, par celui que Debussy appelait son « ange des Corrections », André Caplet.
Car il faut bien admettre que ce que certains musicologues nomment chez Debussy « la contrainte de terminer » peut très bien être considéré comme de la paresse, notamment pour ce qui est de la minutie requise pour mettre au propre ses partitions d’orchestre. Comme si, pour lui, donner naissance à de la musique avait plus d’importance que maîtriser sa sonorité, lui qui était pourtant un orchestrateur plein d’imagination dès qu’il trouvait le temps et l’énergie pour s’atteler à cette tâche. Il semble aussi qu’il préférait inventer des idées plutôt que d’en faire des œuvres achevées. Cependant, malgré les lacunes de nombre de ses esquisses (absence de clefs, d’armature, de nuances, de phrasé…), les notes sont d’une précision surprenante, qu’elles puissent être comparées ou non à celles d’une ébauche ultérieure. Par exemple, un grand nombre d’esquisses existe pour le ballet chinois No-ja-li, ou le Palais du Silence, et il n’est pas difficile de voir quelles idées furent inspirées par quels endroits du scénario de Georges de Feure, qui date de 1913 (voir plus bas). Mais après les premières mesures, Debussy ne s’est pas donné la peine de mettre ces esquisses bout à bout.
Lorsqu’il était sur le point d’être en rupture de contrat vis-à-vis d’un tiers, c’est généralement Jacques Durand, son éditeur, qui cherchait une solution. Si Debussy était supposé superviser les orchestrations de ses œuvres réalisées par d’autres musiciens, ses corrections étaient souvent très légères et limitées aux passages doux et sensibles dans lesquels les défauts sont plus faciles à repérer. Loin de garder jalousement chaque note qu’il écrivait comme Ravel, il alla même jusqu’à demander un jour à Koechlin d’écrire un ballet qu’il signerait de son nom – c’était le 26 mars 1914, à un moment où il ne voyait pas comment il allait honorer le contrat lucratif qu’il avait conclu avec André Charlot pour fournir la partition de No-ja-li qui devait être représenté à l’Alhambra de Londres. En fin de compte, au lieu de No-ja-li, Debussy fit parvenir à Charlot, par l’intermédiaire de Durand, la suite symphonique Printemps que Henri Busser avait orchestrée au printemps 1912.
Ainsi, en 2004, lorsqu’on m’a proposé une retraite anticipée de mes fonctions de professeur à la Département de la Musique de l’Université de Liverpool, j’ai sauté sur l’occasion car cela me donnait le temps de tenter d’assembler des esquisses et des ébauches de Debussy pour en faire des partitions achevées – puis de les orchestrer dans son style le cas échéant. Je m’étais en réalité lancé dans cette tâche dès 2001 et attaqué à un projet des plus prometteurs, les parties manquantes de la scène 2 de La Chute de la Maison Usher. La joie que ce travail m’a procurée à chaque étape m’a poussé à entreprendre d’autres projets, d’autant plus que des spécialistes de Debussy n’ont pas été en mesure d’identifier exactement les endroits où j’avais pris le relais de Debussy (et vice-versa) dans la Maison Usher.
Avec No-ja-li, ou Le Palais du Silence, de janvier 1914, le mieux est de suivre la séquence des événements qui figure dans le scénario de Georges de Feure, comme l’a fait Debussy dans ses esquisses. Il faut savoir que le prince Hong-Lo est muet et qu’il impose son propre « Silence » dans son palais de l’ancienne île de Formose (aujourd’hui Taïwan) sous la menace de la peine de mort. à la fin, c’est le pouvoir de la musique, produite en l’occurrence par un orchestre de gamelan malais qui accompagne des danseurs, qui permet de sauver sa jeune épouse adorée, la princesse No-ja-li, et la cour. Le ballet s’ouvre sur un prélude du gamelan, puis le récitant (dans l’enregistrement Florent Azoulay) explique la situation malheureuse qui affecte le palais de Hong-Lo.
Robert Orledge
Brighton, novembre, 2020
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Robert Orledge's Website/Le Site Web de Robert Orledge(en anglais)